Tic tac... [PV Shari]

Tic tac…

Le bruit de la trotteuse résonnait dans la grande maison. Vide. La lumière grisâtre du ciel de Forks filtrait à travers les fenêtres du salon. Une bibliothèque fournie des quelques plus grands écrits des mille dernières années. A l’extérieur, un carillon à vent silencieux, des branches immobiles et un rocking-chair abandonné dans un coin du porche.

Tic tac…

La cuisine à l’abandon accumulait des années de poussière qu’aucun des nouveaux habitants n’avait prit la peine de nettoyer. Les escaliers menant à l’étage baignaient dans une certaine torpeur, approfondie par l’obscurité y régnant. Les chambres aux lits éternellement faits n’étaient utilisées qu’en les rares occasions d’étreintes volées au temps.

Tic tac…

Soudain un courant d’air, faisant jouer les carillons à vent dans le silence de la demeure et grincer le rocking-chair hors de la torpeur ambiante. Une porte qui s’ouvre, qui se referme. Lexa passa ses yeux sur le salon, scanna la cuisine et le plafond. Les sens aux aguets, personne dans les environs. Aucun membre de sa famille, aucun de la famille de rebus. Pas de loup, pas d’humain. James n’était nulle part, au grand désespoir de l’italienne qui aurait bien profitée de la fin d’après-midi avec son aimé.

Mais sans doute était-il partit espionner les Cullen, comme elle-même l’avait fait une grande partie de la matinée. Ou peut-être était-il allé chasser. Les autres membres de la famille feraient mieux d’être en pleine mission également s’ils ne voulaient pas avoir affaire à elle. Ils avaient trop longtemps négligée leur mission pour profiter des humains de Forks. La belle italienne pensait notamment à Rendall et Logan. Même Shari enquêtait plus que ces deux là et pourtant l’adolescente était loin d’être la plus sérieuse du groupe.

Tic tac…

L’immortelle sourit. Shari s’était probablement débarrassée d’Edward et ce-dernier devait être avec Heaven en tain de faire Dieu savait quoi. Enfin, Casey était sans aucun doute en train d’espionner Heaven. L’on croyait que Lexa passait tout son temps à lire, espionner, chasser et séduire James. Mais elle voyait bien ce que chacun des vampires croyaient cacher si bien. Plus de huit cents ans d’existence lui avait appris à observer, à lire les gens.

Toujours en silence, elle se dirigea vers la bibliothèque d’un pas gracieux, presque félin. Passant ses doigts fins sur les reliures des livres tous plus vieux les uns que les autres, les lèvres entrouvertes, lisant silencieusement les titres un à un. Italiens, français, anglais, latins, les livres avaient été récoltés au long des années qu’avaient passés James et Lexa en tant que vampires. Des trésors d’imagination, d’écriture et de beauté. Les humains étaient des êtres faibles, méprisables, des repas que l’on ne devait regretter. Mais ils avaient au moins une chose qui faisait d’eux des êtres supérieurs aux animaux : ils étaient capables des plus beaux écrits qui soient.

Tic tac…

S’arrêtant sur un ouvrage usé par les années et les lectures, la vampiresse prit le livre entre ses mains délicates avant de retracer le titre du bout des doigts. ‘Divina Commedia’ de Dante Alighieri. Son préféré. Souriant à nouveau, passant la paume de sa main sur la couverture, elle se dirigea vers la porte d’entrée et ressortit. Le temps à l’extérieur était idéal : le ciel gris ne gâchait en rien la douceur des températures. Et le silence, toujours, s’étendant jusque dans la forêt qui faisait face à la maison. L’emplacement était parfait aux yeux de Lexa. Lissant sa robe légère d’un rose pâle, elle s’installa sur le rocking-chair, son livre sur les genoux.

L’horloge sonna l’heure.

Elle lisait depuis une bonne vingtaine de minutes quand un nouveau courant d’air troubla la quiétude des lieux. Les carillons à vent résonnèrent une nouvelle fois dans les bruissements des feuilles. Une odeur, un parfum que la jeune femme connaissait parfaitement pour l’avoir côtoyé ces quelques trois cents dernières années. Sans même lever les yeux de son livre, la douce voix de l’italienne s’éleva sur le porche :

‘‘_Combien en as-tu chassé aujourd’hui Shari ?’’

Tic tac…